weekly reel November 10, 2019

👋, geeks. This week in my ears, a new Moor Mother, and (best band name ever) Torb The Roach & Floppy McSpace.

Analog fluids of sonic black holes by Moor Mother (bandcamp.com)

Tape echo - gold floppies by Torb The Roach & Floppy McSpace (bandcamp.com)

, aaaaand I saw Godspeed this week, so this is your periodical reminder to hear & buy all of Godspeed again:

F# A# ∞ by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

Slow riot for new zero Kanada by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

Lift your skinny fists like antennas to heaven by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

ALLELUJAH! DON'T BEND! ASCEND! by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

Asunder, Sweet and other distress by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

"Luciferian towers" by Godspeed You! Black Emperor (bandcamp.com)

On the news,

  • Neal Agarwal: The size of space, 👏👏👏. Via waxy.
  • The Disney artists’ strike of 1941.
  • ‘OK boomer’ isn’t really about age.
  • [fr] AgnĂšs Giard - Piercing & tattoo : rites de passage ?

    «Les marques corporelles de nos sociĂ©tĂ©s sont Ă  l’opposĂ© de celles des sociĂ©tĂ©s traditionnelles». En Occident, explique David Le Breton, ces marques sont rĂ©alisĂ©es en vue d’afficher sa diffĂ©rence : il s’agit de s’approprier son corps, de rompre symboliquement le cordon ombilical et d’affirmer avec force son individualitĂ©. Cette prise de possession du corps –en gravant dans sa chair une sorte de signature– est typique des sociĂ©tĂ©s individualistes qui imposent Ă  chacun de prendre en main son propre destin.

    C’est tout le contraire dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, explique le sociologue : elles n’encouragent pas leurs membres Ă  se distinguer (se dĂ©-marquer), au contraire. Dans ces sociĂ©tĂ©s, la marque est un moyen de tuer symboliquement l’individu, de le soumettre Ă  la loi du groupe. «La marque traditionnelle est affiliation de la personne comme membre Ă  part entiĂšre de sa communautĂ© d’appartenance». Alors que dans nos sociĂ©tĂ©s, le corps percĂ©-marquĂ© est vĂ©cu comme un « lieu de libertĂ© » (mĂȘme si le choix de se marquer reste conforme Ă  des valeurs socialement partagĂ©es), ailleurs c’est le lieu d’une intĂ©gration au collectif. «L’individu qui choisit un tatouage ou un piercing dit sa dissidence d’individu, sa quĂȘte de diffĂ©rence, lĂ  oĂč le membre d’une sociĂ©tĂ© traditionnelle proclame son affiliation Ă  une totalitĂ© symbolique dont il ne saurait se soustraire sans se perdre».

    Pierre Clastres compare le rituel initiatique Ă  une «pĂ©dagogie» qui consiste, pour la tribu, Ă  faire rentrer une leçon dans la chair des jeunes gens : «Vous voilĂ  membres Ă  part entiĂšre de la communautĂ©. Rien de moins, rien de plus. Aucun de vous n’est moins que nous, aucun de vous n’est plus que nous. Et vous ne pourrez pas l’oublier». Comparant cette leçon Ă  celle dont parle Kafka dans La Colonie pĂ©nitentiaire, Pierre Clastres affirme que lorsqu’une sociĂ©tĂ© inscrit le texte de la loi sur la surface des corps, c’est par mesure de prĂ©vention : il s’agit de mettre tout le monde Ă  Ă©galitĂ© et de dĂ©samorcer chez l’individu toute tentation coupable, aussi bien celle de rĂ©gner sur les autres que celle de se soumettre. Dans les sociĂ©tĂ©s sans État, explique Pierre Clastres, tout est fait pour empĂȘcher l’inĂ©galitĂ© sociale.

    «La loi, inscrite sur les corps, dit le refus de la sociĂ©tĂ© primitive de courir le risque de la division, le risque d’un pouvoir sĂ©parĂ© d’elle-mĂȘme, d’un pouvoir qui lui Ă©chapperait.» À l’inverse, dans les sociĂ©tĂ©s dotĂ©es d’un État (soi-disant plus avancĂ©es), l’individu dĂ©lĂšgue ses pouvoirs : il laisse au chef d’état le soin de diriger la nation, il s’en remet aux juges pour faire justice Ă  sa place, il confie aux mĂ©decins la gouverne de son corps et au garagiste le soin de rĂ©parer sa voiture
 En Ă©change, l’individu se voit promettre la paix et la sĂ©curitĂ©. Il bĂ©nĂ©ficie d’une protection. On lui Ă©pargne autant que possible la souffrance. C’est ce qu’on appelle le «contrat social». Un contrat de dupe, aux yeux de Pierre Clastres
 Anthropologue anarchiste, il affirme tout au long de sa carriĂšre (prĂ©cocement interrompue par un accident de voiture, en 1977) que la violence est la condition sine qua non d’un Ă©quilibre des forces. Et c’est pourquoi, dit-il, la torture est infligĂ©e aux jeunes dans ces sociĂ©tĂ©s. Pour empĂȘcher l’avĂšnement d’un systĂšme bien plus coercitif et cruel : celui de la loi d’État.

  • The gorgeous metro stations of Uzbekistan, via kottke.
  • SMBC: Flow.
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