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[fr] Catherine Dorion - Les luttes fécondes ★★★★★ Read in December 2017

Les luttes fécondes

Un grand petit livre qui pousse, fort, à questionner nos façons d'aimer et faire de la politique.

Publié chez Atelier 10 dans la collection des Documents, et il me semble bon de former un trio avec deux autres essais qui vont dans la même direction (remettre en question, se faire confiance collectivement) : {Territoire fier, Luttes fécondes, Fin des exils}.


Note : fffuuuuu qu'ils sont impossibles à condenser, ces essais Atelier10. Comme Fin des exils, le texte original est déjà tellement compact, fort, que voilà : mes notes sont plus une collection de citations qu'une digestion. So be it! 🙂

1. Bulles stériles

Les règles

Règles et conformisme cherchent à scier les jambes du désir pour rendre la vie prévisible.

La chimie du désir dans un soulèvement populaire est similaire à celle d'une passion amoureuse.

Qu'est-ce que tomber amoureux ? C'est l'état naissant d'un mouvement collectif à deux. [...] Entre les grands mouvements collectifs de l'histoire et le fait de tomber amoureux, il y a une parenté très proche; la nature des forces qui se libèrent et qui agissent est du même type; de nombreuses expériences, la solidarité, la joie de vivre, le renouveau, sont analogues.

– Francesco Alberoni, Le choc amoureux

Nous mettons en place des institutions (conjugales ou politiques) dans une tentative vaine de figer le mouvement humain. Puis nous défendons l'institution, devenons incapables de la remettre en question, cherchons d'autres coupables. "Dans la relation amoureuse, nous-mêmes ou l'autre. En politique, les boucs émissaires désignés par l'époque".

Un immense champ

Il est facile, par inertie, par répétition de "il faut" et "il ne faut pas", d'étriquer l'immense champ des possibilités de notre vie, de se contraindre dans un espace toujours plus étroit.

Autre chose que le courant

Moi, je fais de l'art, je ne gagne pas beaucoup d'argent et je navigue à l'instinct. Je me demande parfois comment [mon grand frère ingénieur-9à5-stable] voit ça, mais je n'ai pas encore osé lui poser la question. Je ne sais pas si je saurais lui expliquer que cette vie me plait et que je suis fière d'avoir appris à vivre comme ça sans être rongée par l'insécurité. Que c'est aussi un plan que de suivre mes désirs et ma curiosité, un plan qui nécessite du talent et qui, face à la certitude de notre mort prochaine, n'est pas plus absurde qu'un autre.

Que je ne pourrai pas payer les diplômes les plus chers à mes filles, mais que la science que je leur transmettrai de la liberté (de penser, de ressentir et d'agir par elles-mêmes) sera une chose utile en ce siècle où on nous brandit des épouvantails à la moindre velléité de faire autrement. "Avance, n'aie pas peur, va voir, ne juge pas, ne te laisse pas impressionner. Regarde comme c'est intéressant au-delà de". Ça m'a pris une décennie de luttes contre ce que les idées du temps avaient tracé en moi pour arriver à écrire paisiblement ce paragraphe.

Torsions

"Avec le temps va, tout s'en va".

Des lettres d'amour des débuts aux lettres de rupture, que de ronces ont poussé.

Veux-tu être à moi ?

Les décombres des unions monogames gisent partout autour de nous. L'idée qu'elles soient d'une quelconque façon plus stables que les relations ouvertes est un leurre. Pas parce que la monogamie est risquée, mais parce que tout amour romantique l'est. C'est puissant et palpitant. C'est aussi terrifiant.

– Eliza Kennedy

Les "comités de défense de la révolution" de Fidel ont échoué dans leur mission de s'assurer que le gouvernement reste connecté du peuple, et sont rapidement devenus des organes de contrôle.

Castro s'était laissé prendre par la peur de perdre le pouvoir, de ne pas être à la hauteur de la force du peuple. Il a préféré mettre sous clé et exploiter pour lui seul cette force qui l'avait porté au zénith dans une effusion magnifique de désir collectif.

Pourquoi vouloir être le seul et l'unique ? Pourquoi t'en assurer jusqu'à fouiller secrètement dans mes courriels comme si tu étais la NSA ? Si je suis libre et que je suis mes désirs, tu me trouveras plus pleine, plus impressionnante, plus belle. Plus déstabilisante. Tu m'aimeras et me respecteras encore davantage. Pourquoi me demander de rendre les armes et d'abandonner la force que j'ai de te bouleverser ?

Nous sommes maintenant obligés de faire par devoir ce qu'autrefois nous faisions par désir. Comment, alors, ne pas nous désintéresser l'un de l'autre, les uns des autres ? En nous, malgré nos réflexes sécuritaires, ça continue de vouloir vivre, vibrer et être transformé.

Au fond, regarder le peuple en face (ou regarder l'amour en face), c'est un peu comme rencontrer un ours en forêt. Une seule règle : ne pas se laisser emporter par la peur.

On regarde cet homme qu'on aime et il ne nous appartient pas et il ne nous appartiendra jamais et il s'appartient et il est libre et magnifique, il est là, maintenant, il est là et peut-être pas plus tard et c'est maintenant et pas demain qu'il nous faut jouir de lui. Il n'est pas un meuble dans le salon de notre vie organisée, il n'est pas un atout dans notre parti, il n'est pas quelque chose qu'il faille arrêter et installer quelque part comme un animal empaillé. À quoi bon s'assurer du futur en s'entourant de toutes sortes de règles si nous sommes incapables de profiter de la présence de l'autre aujourd'hui ? Selon quelle règle bizarre en profiterions-nous dans dix ans ?

Le bonsaï

Elle attend son salut de lui. Quand il se fout d'elle, elle se ratatine. Quand il revient vers elle, elle se sent vivre. Elle reste là, toutes vannes ouvertes, sa vitalité s'écoulant vers lui à mesure qu'elle est produite, à l'image de ces pays pauvres dont les citoyens les plus vifs et les plus utiles s'envolent systématiquement vers le Nord.

Colette Peignot, la blonde de Georges Bataille, écrit : "La vie à deux vide de sa substance l'un des deux". Nancy Huston écrit : "Selon la formule d'un ami québécois, quand deux être s'aiment, ils ne font bientôt plus qu'un; le tout est de savoir lequel des deux". Henry Miller affirme que "rares sont les hommes capables d'envisager leurs rapports avec une femme sous l'angle d'une lutte féconde". Rares les femmes aussi. Quand l'un domine et que l'autre s'écrase, le mouvement s'arrête; reste une relation morte.

Le rapport que le peuple entretient avec les puissants n'est pas tellement différent. Il espère que ces derniers voudront bien lui donner un peu d'attention, quelques jobs, un regard, une raison de vivre. Et parce que le peuple ne lutte pas, il se vide de sa substance. Et les puissants, devant le vide, devant la mollesse, l'attente, la plainte, devant l'assurance que les menaces populaires ne seront jamais mises à exécution, se remplissent de mépris. Conscient ou inconscient, on s'en fout : le peuple n'est plus qu'un tas de linge sale entravant le couloir.

Évidemment, à ce stade, le désir de cheminer ensemble est mort. Si Saint-Exupéry a raison, et que s'aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, mais regarder dans la même direction, alors nous sommes dans la merde, parce que non seulement on ne regarde pas du tout dans la même direction, mais on se checke l'un l'autre avec plus grand-chose d'autre que de la méfiance.

Pourtant l'obsession demeure. Bâtir. Bâtir dans la contrainte, malgré la contrainte, comme un bonsaï dont le tronc s'épaissit parce qu'on l'oblige à rester petit. "C'est normal, il faut s'y faire et persévérer". Cette façon de penser normalise et banalise toutes les torsions du ventre. Elle réduit au plus petit nombre possible les passions à vivre : une à la fois, et chaque fois poussée, dans le temps, à son étirement maximum. C'est une politique de pauvreté maximale.

Il me semble pourtant que nous n'avons pas grand-chose à perdre. Nous allons mourir dans quelques dizaines d'années.

Quelle est cette force qui nous garde immobiles, alors que nous n'avons qu'une seule minute dans cet immense champ ?

Cette force, c'est elle, bien plus que Couillard ou Trump ou la finance mondiale, qui empêche tout, qui détruit tout, qui envoie le meilleur de la vie aux poubelles avant même qu'on ait pu y goûter.

Ils ne sont grands que parce que nous nous sommes auto-transformés en carpettes.

À mes filles

Et si l'union conjuguale n'avait pu fonctionner jusque là parce que portée par la femme, conditionnée à s'effacer et à internaliser les conflits ?

À seulement chercher le bonheur/plaisir de l'autre, "espèce d'obsession sécuritaire étrange déconnectée du réel", on s'exile, on s'aliène, on échoue à se présenter à l'autre.

Des millénaires de culture où le rôle de la femme a été d'être attentive aux désirs des autres (hommes, enfants, vieillards, malades, etc.) ne peuvent pas s'effacer en deux générations. C'est installé en nous comme une seconde nature. Plein de mottons ne se sont pas dissouts dans le mélange.

J'aimerais que mes filles n'aient pas à passer par là, mais elles passeront par là parce que moi aussi, malgré toute la force que je vais tenter de leur insuffler, je transporte ces millénaires avec moi. Et parce qu'elles ouvriront la télé, l'ordi, et parce qu'elles jaseront avec leurs amies de la manière la plus efficace de s'enlever le poil et peut-être aussi de se faire vomir, et elles riront comme j'ai ri en racontant ces moments où on fait semblant de jouir pour avoir la paix.

Comment faire pour qu'elles n'endossent pas ce rôle de huilant social qui fait cohabiter ensemble, sur le territoire de leurs propres désirs niés, les désirs des autres ? Comment faire, par exemple, pour qu'elles ne s'embarrassent pas de cette espèce d'exigence de dignité que les moeurs imposeront encore à leur conduite sexuelle ? "Cette fille-là, c'est une charrue", de dire un ami à moi qui baise à gauche et à droite. Un Canadien m'a un jour gentiment demandé "Why do you want so much to speak French in Québec ?". La même pique dans le ventre : on nie quelque chose qui est moi. Il faut, pour "me respecter", que je me travestisse, que je me limite. Je vais montrer que je ne suis pas ue charrue. Je vais montrer que je ne suis pas une petite Québécoise fermée d'esprit qui dit "En français svp". Hahaha, non, je ne suis pas comme ça, moi. Je suis une personne cool, je sais me faire respecter de vous. Mais je ne sais pas me faire respecter de moi-même, et tout percuter.

Peu de temps avant sa mort, Charles Bukowski écrivait dans son journal :

Le plus terrible n'est pas la mort, mais la vie que vivent les gens avant de mourir. Ils n'honorent pas leur vie, ils lui pissent dessus. Ils la chient. Très vite ils oublient comment penser, ils laissent d'autres penser à leur place. La plupart du temps, quand les gens meurent, c'est un non-évènement. Il ne reste plus rien à tuer en eux.

Le respect obtenu parce qu'on s'est effacé(e) n'est pas du respect, c'est du mépris. En le recherchant constamment, on se méprise constamment. Et la mort arrive sans qu'on ait rien fait vibrer de soi-même. Vierge avec un grand V.

Un accident de l'histoire comme un autre

Puis vient le christianisme. Nul au monde, avant lui, n'a prétendu imposer à l'espèce humaine toute entière une monogamie absolue, une fidélité totale, une relation irréversible.

– Jacques Attali, Amours. Histoires des relations entre les hommes et les femmes

  • Gyndanes de Carthage : les femmes ornent leurs chevilles d'autant de bracelets de cuir qu'elles ont eu d'unions. Plus y en a, plus la femme est "digne de respect, puisque nombreux étaient les hommes qui l'avaient aimée".
  • Arabes d'avant l'islam : au plus neuf hommes par femme.
  • Kasaï contemporain : des groupes d'hommes vivent avec une à trois "femmes communes" pendant 2 ans, après lesquels les femmes décident qui doit partir.
  • Mosuo contemporains : hommes et femmes libres de choisir chaque soir un partenaire; l'homme se présente à la fenêtre et la femme décide s'il rentre. Certains ont un partenaire au cours de leur vie, d'autre une centaine. "L'identité du père n'importe pass, l'enfant est de toute façon élevé par toute la communauté."

Le couple tel que nous le concevons aujourd'hui est une donnée arbitraire : c'est la forme qui vient avec notre package culturel. Issu du christianisme, foncièrement occidental, il domine le monde d'aujourd'hui comme tout ce qui est occidental et chrétien.

La monogamie institutionnalisée est un accident de l'histoire comme un autre.

Mais la culture des hommes qui vont voir les femmes sous leur fenêtre aurait tout aussi bien pu, si le destin avait brassé différemment les cartes, dominer le monde aujourd'hui. Nous serions issus d'une longue lignée d'enfants fabriqués dans le désir, loin du devoir conjugal imposé à des milliards de femmes dans le monde, loin des bébés fabriqués sous la contrainte.

En fait, nous n'existerions pas. Ce n'est qu'en tant que descendants de ce système conjugal fermé que nous sommes au monde. À notre place, il y aurait d'autres humains. Seraient-ils plus libres ? Plus beaux ? Plus enclins à la joie ?

Mais où ai-je la tête ? Un système qui domine le monde ne peut venir que d'une culture où la domination, et non la libre rencontre des désirs individuels, caractérise les rapports sociaux. Qu'est-ce qui pousserait des humains qui n'ont absolument aucune frustration sexuelle ou affective à vouloir dominer d'autres humains à l'autre bout de la planète ? Par quelle espèce de folie ?

L'organisationnite aigüe

On cherche à provoquer le changement social en l'institutionnalisant en une grosse organisation, comme si la taille allait nous donner le champ libre, puis on s'étonne que nos comités font débander le désir initial.

Pourquoi organisés de façon si rigide, et pas plutôt mélangés et fluides comme le courant ?

Comment espérer accomplir quelque chose de différent si, toujours, nous épousons la forme exacte de ce qui est déjà là ?

Nous serons éphémères mais immenses

Quand le pope nous a dit que nous étions maintenant mari et femme, j'ai regardé mon époux-selon-la-foi-orthodoxe et je l'ai cherché sans le trouver. Il m'a expliqué : "C'est une page qui se tourne, la fin de quelque chose et le début d'autre chose, c'est lourd de signification..."

Sa gravité m'était étrangère. J'étais encore une fois, trop légère. Cet amour, pour moi, n'avait pas besoin de signifier autre chose que lui-même ni de porter en lui la nécessité de sa durée – encore moins de s'installer à la place des amours passées. Il était là, vivant, dans le présent.

À l'époque où cet amour-là était trop shooté émotivement et sexuellement pour s'effoirer sous les réflexes anxieux, il m'avait écrit : "Nous serons éphémères mais immenses". C'est peut-être ça que nous appelons la passion : ce moment où l'émotion est assez forte pour submerger nos conditionnements, où tout ce qui compte, c'est la saveur et la qualité de l'expérience véritable – en opposition à prescrite, "pré-écrite".

Pourquoi s'inquiéter du lendemain quand le présent goûte l'éternité ?

La bulle du couple

Les partis appelés à durer vieillissent généralement assez mal. Ils ont tendance à se transformer en églises laïques, hors desquelles point de salut, et peuvent se montrer franchement insupportables. À la longue, les idées se sclérosent, et c'est l'opportunisme politicien qui les remplace. Peu importe les chirurgies plastiques qui prétendent leur refaire une beauté, un jour ils ne sont plus qu'une vieillerie encombrant le paysage politique et empêchant l'avenir de percer.

– René Lévesque

Note : suivi d'un autre fffuuuuu-passage impossible à condenser :

J'aime penser que l'expression "la bulle du couple" cache une signification séditieuse, comme ces poèmes russes de l'époque soviétique qui chiaient secrètement sur Staline en faisant semblant de parler du vent d'hiver.

J'aime aussi penser que l'institution du couple est à l'amour ce que les institutions financières sont à la valeur des maisons. Quand l'amour / les maisons perdent de leur valeur réelle, le rôle de l'institution est de travailler à ce que l'ordre des choses ne soit pas inquiété. "Non, non, rien n'a chuté, les actifs sont solides". Sauf que la réalité fait son chemin par en dessous, et un jour arrive où le décalage entre le message officiel et la réalité est trop grand, ça ne tient plus, l'élastique pète, la bulle éclate, la vérité tombe sur tout le monde comme l'enclume sur le coyote. Au fond, ces hypothèques sont pourries, elles ne valent pas 500 000$ chacune comme nous le croyions, elles ne valent rien, elles ne seront jamais remboursées. En fait non, ce soir, ça m'apparaît clair, nous ne serons pas ces compagnons qui traversent le temps.

C'est seulement après la rupture, dans ce nouvel espace-temps qui peut être large comme la liberté ou écrapouti comme la peine, qu'on réalise à quel point on a fait des choses absurdes pour empêcher la bulle de péter. Faire l'amour, alors qu'on n'en a pas envie. Faire l'amour, alors qu'on a envie de quelqu'un d'autre à la place. Ne pas faire l'amour avec cet autre. Se dévaloriser complètement parce qu'une personne, une personne, ne bande plus pour nous. Organiser un souper au resto pour "nous retrouver", alors que chacun se dit en lui-même que ça ne lui tente pas, qu'il aimerait mieux faire n'importe quoi d'autre qu'être assis là à feindre les gestes et les regards de la tendresse pour ne pas provoquer la conversation fatidique.

On aura beau souper dans le resto le plus romantique du Québec après un forfait spa et massage sur le bord du fleuve, ça va être plate. Parce que ce qui, chez l'humain, génère de l'intérêt – l'authenticité, la nouveauté – a été tassé au profit d'autre chose. Je ne parle pas de nouveauté du genre nouveau char, nouveau kick, nouveau pénis. Je parle de nouveauté du regard, d'ouverture neuve à l'infini des possibles entre les êtres, de présence neuve.

Pour arriver dans la véritable nouveauté du moment, donc, il faudrait pouvoir dire et entendre toutes ces choses qui menacent de faire péter la bulle. Cette bulle qui a commencé à gonfler à l'époque où l'amour était trop éclatant pour qu'on s'en rende compte et qui, depuis, a grossi jusqu'à devenir distendue et fragile, demandant toujours plus de soins, de sorte qu'il devenait chaque jour plus impossible de dire ces mots qui ramèneraient les amants à la réalité et, peut-être, l'un à l'autre.

Toujours la peur : peur de la crise. À tout prix chercher comment faire pousser encore du désir dans cette terre épuisée. Relancer l'économie et la croissance, même si l'envie de consommer et de travailler, ils nous l'ont tellement stimulée qu'il n'y a plus de jus dans le fruit, qu'on a perdu tout notre spring. Mais ils persistent, font des campagnes de pub avec l'aide de psychologues pour trouver comment siphonner les gouttes oubliées, celles qu'on aurait cherché à garder enfouies au creux de notre carcasse vidée et terne.

Alors, pour les conjoints (car c'est ce que les amants sont devenus), la vie émerge ailleurs, en dehors du couple, jusqu'à prendre assez d'ampleur pour faire flancher la grosse structure vide qui bouche le paysage et empêche l'avenir de percer.

Il y a quelque chose, en nous, de plus intelligent que nous.

Le désir est révolutionnaire

Note : je, heu, crois que j'abandonne. Citation de chapitre entier.

Le désir est révolutionnaire et c'est pour ça que les conformistes lui tapent systématiquement dessus comme dans le jeu de la taupe et du marteau. Aplatir le désir partout où il pousse. S'assurer que le peuple avorte à mesure de ses solidarités en gestation.

Cette culture du casseux de party était partout pendant le Printemps érable et l'élection provinciale qui en sonna la cloche. Au climax de la contestation populaire, on continuait à nommer le désir qui palpitait dehors pour ce qu'il n'était pas : des demandes. Bien sûr, au départ, il y avait eu des demandes, mais bientôt, ce qui s'exprimait dans la rue et sur les balcons, c'était une expression qui se suffisait à elle-même, une manifestation spontanée en laquelle se rencontraient des gens qui, quelques semaines plus tôt, s'ignoraient les uns les autres. L'attitude générale n'en était pas une de "demandes". L'attitude générale, celle qui avait été complètement oblitérée des images qui envahissaient le téléjournal chaque soir, c'était la joie. Les individualités discontinues se reliaient en une fête véritable. On clélébrait la découverte intime et partagée de la puissance du groupe. On célébrait aussi, avec des slogans comme "LA LOI SPÉCIALE, ON S'EN CÂLISSE", cette culture unique qui nous relie encore sous les croûtes d'une vie ordinairement aliénante.

"On s'en câlisse". J'adorais cette phrase, qui portait en elle des gonflements de poitrine inespérés. Ces marches aux casseroles, c'était, entre autres, le désir des uns pour les autres qui renaissait après des dizaines d'années d'atrophie, et qui renaissait en dehors de toute structure. Ça sourdait directement de chacun d'entre nous : plus personne n'avait besoin de faire de "mobilisation" pour que les gens sortent de chez eux. Le fantasme du militant.

Une fois ce surgissement étiqueté "manifestations contre la hausse des droits de scolarité", les casseux de party ont sorti l'arsenal rabat-joie : feux nourris d'intimidation médiatique, négociations, enlisement des négociations et, finalement, élections.

Élections : là où le désir populaire a dû s'engouffrer dans un entonnoir gros comme le trou de cul d'une gerboise pour finalement s'écraser, désorienté, sur un gouvernement de bois mort, celui du Parti québécois. Ce dernier a d'ailleurs passé la campagne électorale de 2014 à se féliciter d'avoir sauvé le Québec, en 2012, de la "pire crise sociale" depuis je ne sais plus quand.

"Pire crise sociale", les enfoirés. C'était le plus beau moment politiquede toute la vie d'une génération de Québécois.

Les rabat-joies professionnels. Trop heureux de dire aux vivants qu'ils étaient la seule alternative, alors qu'ils conciliaient chacun de leurs gestes avec la ligne d'un parti beaucoup plus grand qu'eux, celui d'une classe dominante mondiale qui n'en a rien, mais rien à foutre de nous, sauf de nous voir nous échiner toute la semaine à travailler dans des industries dont personne n'a réellement besoin, et toute la fin de semaine a magasiner dans de grandes surfaces excitantes, exténuantes et déprimantes comme de la coke.

Ailleurs

Le désir, que le système (comme d'habituel, politique ou amoureux) cherche à canaliser pour rassurer, trouve une autre voie.

Mais ni l'amour ni la démocratie ne sont là pour rassurer. Ils mettent en danger, sont des espaces de sincérité, des lieux de luttes fécondes, aux antipodes des promesses mensongères de sécurité et stabilité.

Je pense que l'amour ne survit que lorsqu'il sait qu'il a le droit d'aller et venir sans que personne se pète la tête sur les murs. Et que pour avoir une chance de s'étendre sur nos corps pour panser toute la vie d'un souffle, comme on aime qu'il le fasse, il doit être libre. Dès que les contours de l'organisation se dessinent, s'épaississent et, finalement, l'entravent, il va voir ailleurs s'il y est.

Et il y est.

2. Espaces fertiles

Palpitations

Palpitations. Il dit "Ça durerait combien de temps, ça, dans un couple ?". Nous avons déjà échangé sur ces fois où nous avons précipité dans le couple des amours qui, comme un vélo lancé à pleine vitesse s'enfoncerait dans le sable d'une plage, se sont immobilisées avant d'atteindre la mer.

Au milieu de notre fièvre bandée, nous chions sur le modèle conjugal avec un snobisme joyeux qui contrebalance un peu les choses. Ceux qui nous ont jugés ont tort ! Nous ne sommes pas incapables d'aimer ! Nous sommes de grands amoureux ! Et c'est pour ça que nous ne renoncerons pas, dans l'avenir, à d'autres épisodes, ensemble ou avec d'autres, de ce que nous sommes en train de vivre à cet instant précis, qui est succulent et que nous serions crissement cons de regretter sur notre lit de mort.

Plutôt que de voir la sexualité comme un besoin à gérer, voyons en elle une source qui nourrit, une façon de s'exprimer. Qui entraîne nos émotions, nous chamboule.

Militer = exciter

La fidélité au devoir est une forme de trahison de soi qui efface la valeur même de la fidélité : au lieu d'être ce par quoi l'on cherche à respecter son être, elle devient ce par quoi l'on s'efface.

– Michela Marzano

Les "il faut", devoirs, et culpabilités que l'instutution politique tout comme l'angoissé amoureux accumulent en eux, agissent sur eux "comme une maladie auto-immune", et l'affaiblissent par rapport aux décomplexés qui s'en cognent. Alors, se donner, quand ça vient du corps, du ventre, apaise, remet en place.

La machine à fabriquer les sociétés nouvelles

N'attendons pas naïvement d'un seul partenaire l'épanouissement complet.

N'attendons pas de nos institutions politiques la solution à tous nos maux. "Let's think outside the box", des institution-boîtes que sont le couple, la consommation, la croissance, les élections, les gouvernements.

Cessons d'attendre passivement un changement par le haut, issue d'un combat-élection David-contre-Goliath d'où émergerait un prince charmant qui nous délivrerait.

Il existe tout un monde politique à investir en dehors des institutions, avec des possibilités à perte de vue. Le mouvement féministe, par exemple, n'a jamais cru nécessaire de se constituer en parti unique et n'a jamais considéré la prise du pouvoir comme un moyen d'atteindre ses buts.

[...]

On est obnubilés par la perspective d'un changement de système, mais ce qu'on veut changer, au fond, c'est une culture.

Et chions sur les faiseurs d'opinion casseux de party qui réclament aussitôt au mouvement/désir naissant une facade institutionnelle straight avec porte parole, programme, etc etc. Une multitude de formes de grogne existent, chacune avec ses caractéristiques.

Se sauver, en gros

Facile de se laisser à déformer mentalement l'être aimé en un personnage, qui finit par ne plus coller à l'humain en chair et en os, et que nous finissons par fuir. Facile de se laisser déformer par les attentes de notre société.

Une année de semailles

En amour et politique, facile d'enfermer le désir dans un projet. Facile une fois le "projet" terminé de l' "évaluer" et le confiner à sa conclusion, oubliant le chemin parcouru.

Lorsque surgit, des abysses de l'imprévisible, la poésie flamboyante du désir collectif, lorsque gonfle le nombre des manifestants et que renaissent des espoirs fous, les angoissés du cadre accourent. Qu'allons-nous faire avec ça ? Il faut rentabiliser ce mouvement de foule. Alors on encadre, comme on se marie. "Nous manifestons ensemble sur ces basess communes là, nous formulons ces demandes-là, nous cherchons à atteindre ceci, cela." Voilà le contrat qui lie les manifestants.

Alors qu'il n'y a dehors d'autre désir que celui qui est déjà en train de s'exprimer, celui qui révolutionne déjà le corps et la pensée du monde bien plus que ne le ferait n'importe quelle liste de demandes exaucées par le gouvernement. Comment ne pas être transformé jusque dans ses entrailles par la vue de l'humain qui manifeste sa joie de retrouver une meute, l'humain qui observe son désarroi ordinaire se transformer en jaillissement fertile ? Nous vivions ce plaisir immense d'être ensemble, joyeux et désinvoltes, plus forts que le téléjournal et les phrases plates du premier ministre.

Mais puisqu'aujourd'hui nous avons encore des gouvernements de droite, puisque le mouvement de foule de 2012 n'a pas été politiquement rentable, on jette tout ça avec l'eau du bain en faisant "Pfff, échec, pfff, ça n'aura servi à rien". On retourne chacun chez soi et on conclut : "Pourquoi tout doit s'en aller ? Pourquoi tout le beau de la vie doit vieillir et disparaître ?"

Le beau de la vie n'a pas disparu pantoute. Ce mouvement de foule extraordinaire n'a pas à être jugé à l'aune de l'atteinte ou non d'un objectif quelconque. Comme l'amour, comme le désir, il existe par et pour lui-même, il se suffit superbement et il vit encore aujourd'hui. Ses marées continuent d'agir en chacun de ceux qu'il a traversés en 2012.

L'antenne du cœur

Cessons de chercher la démocratie dans les institutions du vote, des partis, des ministres. La démocratie est à chercher chez les voisins; à discuter autour de la table, et agir avec eux.

Pogner le signal

En s'encombrant mentalement de télé, facebook, comparaisons, angoisses coupe-horizon, on s'éloigne du jeu et de la matière.

Notre société scientifique engendre de la défiance envers la passion, l'état de jeu. Mais "laisser jouer le jeu et voir si ça répond, sans jugement", c'est pourtant ce qu'il y a de plus vivant, bouillonant, dé-conditionné pour un humain.

La passion n'est pas un cheval fou. C'est un oiseau migrateur, avec sa boussole inscrite au fond de lui, qui lui vient du fond des âges. Pourtant on ne lui fait que peu confiance. On brandit la violence des États déconstruits pour dire "Regardez, si on ne contrôle pas, si on n'encadre pas". Comme si l'organisation et l'encadrement des masses n'avaient pas produit, eux aussi, des horreurs innomables.

La passion, cet intense soulagement qui nous prend lorsque tombent les digues de ce qu'il faudrait et que se découvre l'horizon de ce qui est.

Famine affective et alertes antipalpitations

"Malgré toutes les manifestations de plus grande liberté sexuelle, l'existence, pour nous, est devenue en réalité a-sexuelle. On a dijoint le sexe : il fonctionne indépendamment."

– Henri Miller

On cantone le sexe à l'acte. On pourrait le considérer comme un élan qui traverse nos vies, d'une multitude de formes, et nous pousse au rapprochement physique. À voir le monde, rencontrer, donner et recevoir, être surpris, intrigué, excité. Laissons-le nous aider à nous sortir de nos solitudes et nos peurs, à construire des digues et suivre les chemins non défrichés.

Parenthèse sur l'orgasme : il est bien sûr doux et sucré. Mais divinisant l'orgasme, on appauvrit notre rapport à l'étendue d'expériences et joies sensorielles à notre portée.

Je parle avec une fille, j'aime sa franchise, sa pesanteur intelligente. Normalement, je ne prête pas attention à ça, que son regard me fasse quelque chose; je note simplement que son regard est beau ou riche. Mais si j'écoute ce qui se passe en moi, si je prête attention à ce que ça me fait et si je lâche les amarres, peut-être que j'irai nager dans son regard pour voir. Je me laisserai aller dedans comme dans un hamac pendant qu'elle me parle.

Mais non, je ne peux pas faire cette douce chose-là que je fais avec mes amants ou avec mes enfants. Elle va me trouver bizarre : quel signal cela enverra-t-il ? Je ne voudrais pas qu'elle pense que, ou qu'elle soit mal à l'aise de. D'ailleurs, si je suis en train de penser à tout cela, c'est que je suis déjà mal à l'aise. Parce que dès que je regarde quelqu'un dans les yeux trop longtemps ou dès que je touche quelqu'un trop tendrement –bref, tout ce qui implique le corps–, il y a alerte en moi, il y a relation anormale.

[...]

Le partage entre deux personnes (ou cent mille) gagne en intensité de façon soudaine et exponentielle, et se crée quelque chose qui nous semble à la fois extraordinaire et extraordinairement normal. Délivrés des réflexes individualistes qui nous déterminaient jusqu'alors, nous occupons pleinement, en chacun de nous, l'espace de notre humanité, qui jouxte tout à coup celui des autres dans une délicieuse accolade. Ce n'est pas la nature de l'union qui est importante, encore moins sa durée. C'est sa richesse dans le présent, c'est sa touffeur humaine, c'est cet aliment infiniment nécessaire à l'humain que l'union porte en elle, cet aliment de cohumanité, de mete qui se lie en direct, l'aliment les autres sans lequel nous ne serions pas des humains.

[...]

Lorsqu'on passe outre les alertes et qu'on y va quand même, c'est tout l'humain en nous qui se met aux aguets, excité par l'imprévisibilité des choses, en corps-à-corps actif avec la vie. Là, nous sommes vivants.

[...]

Pas besoin de brailler tous ensemble dans un grand ceercle en se tenant par la main et en chantant Haroum baroum patacloc. Se refamiliariser avec l'imprévisible serait déjà un hostie de début.

La faute à la pomme

Si certaines drogues nous rendent méconnaissables de bienveillance béate, c'est qu'elles nous déconnectent de la comparaison, du jugement, des références sociales.

Nous sommes les "minipoliciers" d'une culture partagée de règlementation sexuelle, dotée d'un arsenal de réprobation et punitions sociales.

Chaque fois que je vois passer ce type de jugement moral [quant à la conduite sexuelle ou l'infidélité], je ne peux m'empêcher de l'associer à une forme de tristesse chez l'autre, à un poids. L'inverse de la paix lactée que, pourtant, nous cherchons tous, et où plus rien n'a d'importance sauf ce qui est présent, vécu, réel. [...]

Ce qu'on devrait trouver poche, ce n'est pas le fait de frotter son sexe à celui d'une personne dont les papiers ne sont pas en règle. Ce qu'on devrait trouver poche, c'est le mensonge, la manipulation, tous ces outils dont on se sert pour faire croire à son conjoint que. Et aussi, pas moins laides, cette possessivité banalisée, cette jalousie éhontée, ces menaces folles : "Tu couches avec une autre, c'est fini entre nous". Quelle sècheresse, voyons donc.

Une pleine participation à ce qui suscite de l'intérêt, à l'exclusion de ce qui n'en suscite pas

Respecte-toi tant, que je serai obligée de te respecter aussi. Pour que la lutte soit féconde, il faut que l'adversaire soit riche, fertile et debout. Ne t'écrase pas. Mesure-toi à moi, regarde-moi dans les yeux, fais bouillir mon sang, réchauffe mes muscles.

...

L'Égoïsme [...] n'est pas le contraire de l'amour, ni de la pensée, il n'est pas ennemi d'une douce vie amoureuse, ni du dévouement et du sacrifice, il n'est pas hostile à la cordialité la plus tendre, il n'est pas non plus ennemi de la critique, ni du socialisme, en un mot, il n'est l'ennemi d'aucun intérêt : il n'exclut aucun intérêt. Il va à l'encontre seulement de l'inintérêt et de l'inintéressant [...]. L' "exclusivisme" du véritable Égoïste, que l'on voudrait faire passer pour de l' "isolement", du "détachement", est au contraire une pleine participation à ce qui suscite de l'intérêt, à l'exclusion de ce qui n'en suscite pas.

– Max Stirner, L'unique et sa propriété

Faire des petits

Tant mieux pour ceux qui vivent au sein d'une famille nucléaire fonctionnelle et profitent de sa stabilité, mais il n'y a pas à froncer les sourcils à la mention de familles divorcées, recomposées, entremêlées, tant qu'elles sont aimantes et nourrissantes émotionnellement.

Ne vouons pas de culte au système; respectons-nous, suivons nos désirs.

Le doute

Comment dormir ? Je suis seule au monde et abandonnée. Il est avec une autre, plus rassurante que moi. Ils en ont engagé une autre, plus adaptable que moi. Des serrements me prennent. Je les connais, je les ai baptisés les rapetissements. La noirceur passe de la tête au corps. Je cherche à écraser le sommeil sur tout ça pour être déjà demain, mais le sommeil fait exprès de regarder ailleurs. [...]

Non, l'angoisse n'a pas disparu. Elle ne disparaîtra pas. Parce que la peur et le désir sont les deux faces d'une même médaille. La peur est le désir, dans sa version négative. Les deux viennent ensemble ou ne viennent pas.

Se réconcilier avec l'imprévisible

Le seul fait d'écouter à fond sa propre boussole plutôt que les dictats du temps est d'un militantisme frappant, évocateur, inspirant. Toujours, les résistants ont agi parce qu'en eux-mêmes ça parlait fort un autre langage que celui que la propagande tentait, à grand renfort d' "il n'y a pas d'alternative", de leur imprimer dans le crâne.

Le résistant est d'abord seul dans sa tête, se croyant fou. Puis il en détecte d'autres comme lui et s'ouvre à eux. Il n'est plus seul, mais ses nouveaux amis et lui sont minoritaires, n'importe quel sondage les enverrait au tapis. Sauf qu'en refusant d'abonder, ils deviennent visibles, vivants parmi les effacés, scintillants parmi les mornes. Dans les partys, pendant les pauses au bureau, on raconte leurs histoires particulières. Tel a fait telle chose. Telle a décidé telle chose. Comme l'eau, ils érodent la pierre dans la tête des durcis. Plus le lit se creuse, plus le courant devient fort.

Qu'on se salisse un peu

Nous sommes dociles et émasculés au pied de nos institutions géantes, expropriés de notre vie politique. "Nous sommes beaucoup trop bons élèves et il va falloir, comme disent les profs d'art, qu'on se salisse un peu.

Lâchons les "il faut / il ne faut pas" castrateurs de nos médias et écrans, re-connectons nous localement, c'est là seulement qu'on a prise. Et encore une fois, sans se laisser rabattre le caquet par les "Qu'allons-nous faire ensuite ?" Avant de s'essayer à affirmer quelque chose, commençons par lever la tête, laisser agir, relâcher.

Il y a plein de choses intéressantes sur le chemin. Ne va pas te dépêcher à arriver.

Lettre ouverte

Je n'ai rien à t'offrir de plus que ce que je m'offre à moi-même : l'incertitude; l'incertitude et son acceptation (ce qui pour moi fait les plus belles relations). Fais ce que tu veux, X. N'aie pas peur de m'envoyer au tapis si tu me laisses. Tout est à vivre. J'ai confiance en ce que je tirerai de – n'importe quelle perspective.

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